Mass market VS Produits populaires

Beaucoup de mails pour nous dire que l’on ne trouve pas nos produits facilement. On le regrette, oui et non. Explication.

Nos produits sont issus de la culture populaire : les forestiers landais y reportaient des notes quant à l’abattage des arbres. Quelques notes étaient également à destination des femmes en charge de la sylviculture. Vous voyez l’image : des bûcherons aux mains de tueurs qui écrivaient à leurs femmes (on n’a pas trouvé de trace de lettres d’amour, cela dit). Des gens du peuple.

La-Compagnie-du-Kraft-carnets-populaires

Aujourd’hui, nous avons pris le parti de fabriquer ces produits d’hier de la même manière. Un atelier, certes mécanisé, avec peu de surface et une façon paradoxalement délicate. Des typographes très sûr de leur art, mais dont les gestes peuvent paraître hésitants : l’hésitation est le temps nécessaire aux bonnes idées pour qu’elles s’affirment.

Cette culture de l’art et la manière n’emprunte en rien le chemin du luxe; ou alors uniquement par la rareté induite par une capacité de production limitée.
Populaire ne signifie pas “pour tout le monde”, c’est peut-être même le contraire.

Les valeurs qui composent notre culture populaire n’ont jamais inclus la consommation à grande échelle. Nous sommes un petit pays, inventif pour être économe de nos gestes (notre productivité n’est-elle pas montrée en exemple ?) et de nos ressources (“on a pas de pétrole mais des idées”). Pourquoi avoir insidieusement introduit dans notre inconscient collectif que nous devions tous posséder un écran plat et deux voitures par foyers, 30 stylos et 12 carnets avec uniquement 2 mains pour les exploiter ? Posséder autant que son voisin, surtout s’il a plus de moyens de que nous, c’est une valeur populaire ? S’endetter jusqu’à plus soif pour posséder, c’est une voie vers la sérénité ?
Nos grand-parents étaient économes, la guerre avait accéléré cet apprentissage. Ce qui n’empêchait en rien de se faire plaisir, mais sans se mettre en danger. Ils avaient forcément un voisin ou un proche plus riche mais tenter de lui ressembler, quelle course à l’inutile.
Et quelle tristesse : la quête des belles choses est déjà source de bonheur. Elle rend heureux au point que finalement, posséder devient un acte dans lequel la satisfaction, si elle existe, est de courte durée, peut-être même “déceptive”.

Nous sommes les héritiers de cette culture, petite poche de résistance positive à l’ultra-consommation. On vous le prouve : n’achetez plus de carnets, achetez en un et utilisez-le lentement, totalement. Le temps en fera un produit que même votre riche voisin ne pourra avoir et pour cause : il n’aura pas laissé le temps au sien de se culotter, de vieillir et se bonifier avec lui.

Pour toutes ces raisons, nous sommes aussi incompatibles avec la consommation de masse que chacun de nous devrait l’être. La sérénité est a ce prix. Allez, détendez-vous : écrivez, respirez.