Le nom THE PENINSULA évoque-t-il quelque chose pour vous ? Si oui, vous avez donc un pied et/ou un neurone dans l’univers du luxe, du vrai. L’image de ce palace originaire de Hong-Kong – aujourd’hui 10 établissements à travers le globe – est à l’Asie ce qu’Hermès est au Vieux Monde : art de vivre tout en volupté, raffinement extrême à tous les étages, tant dans votre suite, votre assiette ou dans la Rolls verte qui vient vous chercher à l’aéroport. Voilà pour le décors.
Le vert PENINSULA, parlons-en justement : un vert profond, sans complexité, qui rappelle le vert « sapin » des pins maritimes de Gascogne. Sans difficulté apparente pour l’oeil, beaucoup plus compliqué quand il s’agit d’obtenir cette teinte en finition huilée sur l’un de nos cuirs en tannage végétal : 9 mois de mise au point, des essais qui n’en finissent pas, une instabilité de la teinte à chaque nouveau bain. Et ce n’est que le début…
Petit flash-back.
En 2015, THE PENINSULA décide de sortir de ses hôtels en lançant une start-up interne visant à créer un réseau de distribution propre (corners, boutiques). Elle y proposera son identité au travers de produits emblématiques (les pâtisseries sont de classe mondiale !) et d’accessoires « style de vie ». La Compagnie du Kraft est associée à cette démarche, sans se douter que l’exigence de ce côté de l’Asie se cache dans d’impossibles détails pour une maison comme la nôtre. Au-delà des différences culturelles, un Google Traduction est bien insuffisant pour tout interpréter. Nous avons dû associer l’ensemble de notre chaîne de co-traitance – tanneur, fabricant de matériel de travail du cuir, pour arriver à un résultat qui satisfasse chaque membre de l’équipe du PENINSULA. Ainsi, le marquage sera à froid, pour obtenir un marquage ton sur ton, sans brûler les couvertures, et les assemblages seront vérifiés 2, voir 3 fois. Imaginer un S.A.V. pour un carnet alors même qu’il devra faire près de 10.000 kilomètres pour revenir à l’atelier nous faisait trembler.
2.000 pièces plus tard, nous n’avons à déclarer qu’une demi-douzaine de carnets à peine à échanger, les aléas du transport ayant eut eux aussi leur petit effet. Notre adaptation à ce monde du très haut luxe semble bonne. Pour autant, les clients de l’emblématique marque sont un peu surpris de trouver des accessoires « lifestyle » dans cet univers si traditionnel. Écrire est cependant une habitude de ce côté de la Terre et l’association du soucis de chaque détail à une maison dont les racines sont dans l’exploitation des forêts crée un contraste inhabituel : rustiques et sophistiqués, écolos et chics, increvables et rares, les carnets nés de cette collaboration sont fonctionnellement à l’identique de toutes nos productions. Rechargeables et réparables aussi longtemps que La Compagnie du Kraft existera.
Nous avons sans doute été choisi pour l’originalité de nos productions, pour notre fabrication française, pour notre soucis de faire des outils durables avec une empreinte écologique maîtrisée. Mais l’esprit qui nous anime est peut-être la clé de tout : concevoir et fabriquer des carnets lentement, sans céder à la consommation massive. Ne faire que cela et le faire bien.